Valentine BabeyComment

McQueen's golden shower: asserting his rain on fashion

Valentine BabeyComment
McQueen's golden shower: asserting his rain on fashion
Image credit: Roger Hutchings

Image credit: Roger Hutchings

On est en septembre 1998, et l’ascendance d’Alexander McQueen bat son plein. Le jeune créateur Anglais n’a que 29 ans quand il décide de nommer sa collection Printemps-été « Golden Shower », la douche dorée, en référence à un kink alors très répandu sur la scène BDSM anglaise, qui consiste à uriner sur son ou sa partenaire. Lui n’y vois pas de pratique sexuelle – il veut appuyer le symbole ; sa relation avec l’industrie de la mode est tumultueuse. C’est un monde auquel il n’a jamais prétendu appartenir, mais dans lequel on l’a poussé, de force, à cause de son immense talent. Golden shower n’est pas un kink, donc, mais une insulte à ce monde qui ne fait que le tourmenter.

Seulement le nom du show ne restera pas intact – en entendant le titre, ses soutiens financiers menacent de se dérober sous ses pieds – le show se fera, oui, mais il sera appelé ‘Untitled’. Si Lee McQueen ne peut pas faire les choses comme il les souhaite, alors il ne les fait pas – pas besoin de titre officiel pour que l’on s’arrache ses créations, et ça, il le sait déjà.

Pas de titre, donc, mais peut-être l’une des meilleures collections que Lee n’ai jamais créées. Organisée à Londres, les mannequins commencent par défiler sur de larges boites en plexiglass remplies d’eau. La collection est incroyablement bien coupée, vestige des années de McQueen passées à Savile Row, célèbre avenue de Londres connue pour ses Tailleurs de costume. Blazers tranchés aux épaules par une fine bande de mesh, corsets représentant une véritable colonne verticale, harnets et straps en cuir façon BDSM, chemises lacérées portées sur des pantalons à pinces écourtés aux mollets – les pièces sont sublimes, décalées, influencées par sa jeunesse dans les quartiers compliqués de Londres.

Et puis, soudainement, les lumières jaunisses ; elles deviennent dorées. Les mannequins sont en blanc. L’eau commence à couler à flots. Les perles de pluies descendent sur le podium, doré lui aussi, par le reflet de la lumière dans les flaques d’eau qui jonchent maintenant la grande allée. Le blanc des vêtements s’imprègne de l’eau, et bientôt moule les silhouettes de celles qui les portent. Les couches exagérées de mascara sur leurs cils commencent à leur offrir des larmes couleur charbon. Elles sont trempées, mais majestueuses. Les vêtements deviennent transparents par endroit – les bandes de mesh deviennent des bandes de peau. Les plis des matières rappellent ceux observés sur les anciennes statues grecques. Les costumes, tailleurs, blazers et autres restent parfaitement taillés. Ils tombent toujours à pic. Gisèle Bündchen défile, poitrine ornée de ce qu’on décrirait aujourd’hui comme un crop top sans manches rigides, moulé sur ses propres seins.

La collection est un succès, un véritable moment artistique, et tout laisse à penser que Lee Alexander McQueen deviendra le génie de la mode qu’on regrette aujourd’hui.

 

It is September 1998, and the rise of Alexander McQueen is in full swing. The young English designer is only 29 years old when he decides to name his Spring-Summer collection "Golden Shower", in reference to a then very popular kink amongst the British BDSM scene, which consists of urinating on a partner. He doesn't see it as a sexual practice however – it’s the symbol he cares about; his relationship with the fashion industry is tumultuous at best at this point, and he needs to make a statement. It is a world in which he never claimed to belong, but in which he was pushed, by force, because of his immense talent at a very young age. Golden shower is not a kink, therefore, but an insult to this world that masters in tormenting him.

Only the name of the show will not remain intact - upon hearing the title, his financial backers threaten to withdraw - the show will be made, yes, but it will be called 'Untitled'. If Lee McQueen can't do things the way he wants to, then he won’t oblige - he doesn't need an official title to get his creations snapped up, and he already knows that. In fact, removing titles will be a recurring theme in many of his collections later on (which makes it very easy to search for specific looks, thank you Lee).

No title, then, but perhaps one of the best collections Lee ever created. Held in London, the models start by prancing on large Plexiglas boxes filled with water. The collection is incredibly well cut, a remnant of McQueen's years spent on Savile Row, London's famous avenue known for its Tailors. Blazers sliced at the shoulders by a thin strip of mesh, corsets representing a veritable spine, BDSM-style leather harnesses and straps, slashed shirts worn over calf-length pegged pants - the pieces are sublime, offbeat, influenced by his youth in London's complicated neighborhoods.

And then, suddenly, the lights go from white, to yellow, to golden. The models are in ivory. The water starts to flow. The beads of rain descend on the podium, also golden, by the reflection of the light in the puddles that now litter the main aisle. The white panels of the garments soak up the water, and soon mold the silhouettes of those wearing them. The exaggerated layers of mascara on their eyelashes begin to present them with coal-colored tears. They are soaked, but majestic. Clothes become transparent in places - the strips of mesh become strips of skin. The folds of the materials recall those seen on ancient Greek statues. Suits, fitted coats, blazers remain perfectly tailored. They always fall right. Gisele Bündchen parades, chest adorned with what would be described today as a rigid crop top without sleeves, molded on her own breasts.

The collection is a success, a real artistic moment, and everything leads the crowd to believe that Lee Alexander McQueen will become the fashion genius that we miss today.

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Gisele Bundchen

Gisele Bundchen

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